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Diaspora africaine : Ces pays qui font rêver les expatriés africains. Le retour en Afrique n’a jamais été aussi actuel.

Afro-déscendants recevant la nationalité Ghanéenne lors d'une cérrémonie publique à Accra au Ghana
Afro-déscendants recevant la nationalité Ghanéenne lors d’une cérrémonie publique à Accra au Ghana

« Et si le retour aux sources devenait la plus belle aventure du XXIᵉ siècle ? »

Le retour en Afrique parle de plus en plus à la diaspora. Depuis quelques années, un vent nouveau souffle sur le continent. Des milliers d’Africains établis aux quatre coins du monde répondent à l’appel de la terre mère, portés par une envie de reconnexion, d’opportunités et de renaissance. Ce phénomène, autrefois marginal, prend aujourd’hui une ampleur historique : du Ghana au Rwanda, en passant par le Maroc, la Côte d’Ivoire et le Togo, les initiatives pour séduire la diaspora se multiplient.

Stabilité politique, croissance économique, projets ambitieux… Beaucoup de nos pays déroulent désormais le tapis rouge à ceux qui veulent conjuguer leur avenir au rythme africain.
Mais derrière cette dynamique séduisante, quels sont les véritables enjeux ? Quels pays jouent vraiment la carte du « retour aux racines », et avec quels moyens ?

Dans cet article, plongeons au cœur de ce mouvement « Back to Africa », entre promesses, réalités et perspectives.

 

 Ces pays qui séduisent la diaspora africaine

« Tous les pays rêvent de reconquérir leur diaspora. Mais certains savent mieux que d’autres séduire, rassurer et offrir des opportunités concrètes. »

 

 Ghana : Le pionnier du retour

Le Ghana a été à l’avant-garde du mouvement de retour de la diaspora avec son initiative emblématique « Year of Return » en 2019, commémorant les 400 ans de l’arrivée des premiers esclaves africains en Amérique. Cette campagne a attiré des milliers de visiteurs, générant plus de 3,3 milliards de dollars de revenus pour le secteur du tourisme, et suscité beaucoup d’enthousiasme dans le monde du Back to Africa Mouvement.

Fort de ce succès, le pays a lancé « Beyond the Return », un programme décennal visant à renforcer les liens économiques et culturels avec la diaspora. En 2024, le sommet « Beyond the Return » à Accra a réuni des leaders d’opinion, des entrepreneurs et des investisseurs pour discuter des opportunités d’investissement et de collaboration.

Le Ghana a également facilité l’accès à la citoyenneté pour les membres de la diaspora. En novembre 2024, 524 personnes, principalement des Afro-Américains, ont obtenu la nationalité ghanéenne lors d’une cérémonie officielle .

Situation politique :
Le Ghana reste l’un des pays les plus stables du continent. Depuis la transition pacifique historique de 1992, le pays a connu plusieurs alternances pacifique qui démontrent l’attachement des acteurs politiques locaux à une stabilité institutionnelle. Le désormais ex président, Nana Akufo-Addo (réélu en 2020), a maintenu cette tradition en renforçant la liberté de la presse et l’indépendance judiciaire.
Toutefois, quelques tensions sociales persistent, notamment autour de la gestion économique et du chômage des jeunes. Mais globalement, le climat politique reste propice aux affaires et à l’installation.

Situation économique :
Après des années de croissance rapide, l’économie ghanéenne a connu un léger ralentissement, notamment sous l’effet de la crise mondiale et de la dette publique élevée (plus de 80 % du PIB en 2023).
Cependant, des signaux positifs sont visibles : en 2025, la Banque mondiale prévoit une croissance de 4,5 %, tirée par la reprise du secteur pétrolier, le tourisme (boosté par « Beyond the Return ») et l’agriculture.
Des réformes ambitieuses de digitalisation des services publics visent à renforcer la transparence et à améliorer l’environnement des affaires.

 

 Sénégal : L’élégance de l’accueil

Le Sénégal, reconnu pour sa stabilité politique et son hospitalité légendaire, a mis en place plusieurs initiatives pour attirer sa diaspora. Le gouvernement a lancé une Banque de la diaspora pour faciliter les investissements et les transferts de fonds. De plus, des programmes spécifiques encouragent l’entrepreneuriat diasporique dans des secteurs tels que l’agriculture, l’immobilier et les technologies.

En 2024, le pays a enregistré des avancées vertigineuses dans le secteur énergétique avec le lancement du projet pétrolier Sangomar, offrant de nouvelles opportunités d’investissement.

Situation politique :
Le Sénégal est souvent cité comme un modèle de stabilité en Afrique de l’Ouest francophone. Depuis son indépendance, il n’a jamais connu de coup d’État. Toutefois, 2024 a été marquée par une transition politique importante : l’élection du président Bassirou Diomaye Faye, soutenu par Ousmane Sonko, a mis fin à la longue ère Macky Sall.
Ce changement a suscité beaucoup d’espoir, notamment parmi les jeunes et la diaspora, avec des promesses fortes de lutte contre la corruption, de justice sociale et d’ouverture économique. La situation reste assez stable, bien qu’une certaine tension politique persiste pendant la mise en œuvre des réformes.

Situation économique :
Porté par les premiers barils de pétrole extraits du champ de Sangomar en 2024, le Sénégal entre dans une nouvelle ère économique. La croissance devrait dépasser 8 % en 2025 selon le FMI.
Le pays mise également sur les infrastructures (nouvel aéroport Blaise Diagne, Train Express Régional) et sur l’économie numérique pour attirer les investisseurs, y compris issus de la diaspora. Des projets de villes intelligentes, comme celui de Diamniadio, illustrent cette volonté de modernisation rapide.

 

 Côte d’Ivoire : Terre d’opportunités

La Côte d’Ivoire, locomotive économique de l’Afrique de l’Ouest francophone, a intensifié ses efforts pour mobiliser sa diaspora. En 2023, les Ivoiriens de l’étranger ont transféré plus de 1,042 milliard de dollars vers leur pays d’origine, représentant environ 1,2 % du PIB .

Le gouvernement a organisé le Forum de la Diaspora Ivoirienne en novembre 2024, réunissant des acteurs clés pour discuter des mécanismes d’appui à la diaspora et des opportunités d’investissement .

Situation politique :
Depuis la crise post-électorale de 2010-2011, la Côte d’Ivoire s’est stabilisée sous la présidence d’Alassane Ouattara. En 2025, même si certaines tensions politiques subsistent — notamment autour de la préparation des prochaines élections et des revendications de l’opposition —, le climat reste globalement apaisé. Mais tout cela reste à surveiller de près au moins jusqu’aux élections présidentielles d’octobre 2025.
Malgré tout, le pays bénéficie d’une stabilité relative appréciée par les investisseurs internationaux.

Situation économique :
Véritable moteur économique de l’Afrique francophone, la Côte d’Ivoire affiche des taux de croissance impressionnants : 6,2 % prévu en 2025.
Elle reste le premier producteur mondial de cacao, mais il diversifie aussi son économie vers l’agro-industrie, l’infrastructure et les technologies.
Les Ivoiriens de la diaspora sont fortement incités à investir, notamment dans l’immobilier, l’agriculture moderne, et l’innovation technologique. Le gouvernement multiplie les forums et met en place des incitations fiscales spécifiques.

 

 Bénin : Petit pays, grandes ambitions

Le Bénin, souvent discret sur la scène internationale, se distingue par ses efforts pour engager sa diaspora. Le pays a mis en place un Conseil national de la diaspora pour faciliter les échanges et les investissements. Des initiatives culturelles, comme le festival Wémèxwé, renforcent les liens entre les Béninois de l’intérieur et ceux de l’extérieur .

Le gouvernement encourage également l’investissement diasporique dans des secteurs clés tels que l’agriculture, le tourisme et les technologies numériques.

Situation politique :
Le Bénin, longtemps vu comme un « laboratoire de stabilité socio-politique », a traversé récemment des turbulences politiques, notamment après des élections législatives controversées en 2019.
Cependant, sous la présidence de Patrice Talon, le pays s’est engagé dans un processus de modernisation rapide : réformes économiques, lutte contre la corruption, et amélioration du climat des affaires.
Les libertés publiques, un temps mises sous tension, sont aujourd’hui en voie de rétablissement, grâce à un dialogue national initié en 2024.

Situation économique :
Le Bénin affiche une croissance solide autour de 6 % en 2025.
Le pays investit massivement dans les infrastructures (routes, ports, énergie), l’agriculture industrielle, et le tourisme patrimonial (projets autour de Ouidah et de la Route de l’Esclave).
Des programmes spécifiques pour la diaspora encouragent l’investissement immobilier et la création d’entreprises locales.

 

Togo : L’audace discrète

Le Togo, bien que plus petit en taille, affiche de grandes ambitions pour mobiliser sa diaspora. Le pays a lancé le Fonds d’investissement pour la diaspora (FITEX), visant à canaliser les ressources financières et les compétences des Togolais de l’extérieur vers des projets nationaux.

En 2023, le pays a bénéficié d’un financement de 5,2 millions de dollars de la Banque africaine de développement pour catalyser les investissements de la diaspora, dans le cadre d’un projet couvrant huit pays africains .

Situation politique :
Critiqué par les occidentaux, adoubé par sa diaspora, le Togo de Faure Gnassingbé est sans nulle doute l’une porte d’entrée principale de la diaspora sur le continent. Le dialogue politique avec l’opposition s’est amélioré, et des réformes constitutionnelles ont été engagées en 2024 en vue d’adapter la constitution aux réalités togolaises.
Même si tout n’est pas encore parfait, ces évolutions créent un climat politique plus apaisé, ce qui rassure la diaspora.

Situation économique :
Le Togo mise sur une économie libérale, avec une croissance projetée de 5,8 % en 2025.
Le pays développe ses infrastructures portuaires, notamment le port de Lomé, (un des plus performants de la sous-région), son secteur financier et ses hubs logistiques.
La diaspora est vue comme un partenaire stratégique : un guichet unique dédié a été lancé en 2024 pour simplifier les démarches d’investissement, et des projets agricoles et immobiliers sont spécifiquement réservés aux Togolais de l’extérieur.

 

 Pourquoi ce retour séduit tant ?

Facteurs clés :

  • Croissance économique : Notre continent affiche une croissance moyenne de 4,3 % en 2025, selon la Banque africaine de développement.

     

  • Opportunités d’investissement : Des secteurs tels que l’immobilier, l’énergie, la technologie et l’agriculture offrent des rendements attractifs.

 

  • Valorisation des talents : Les pays mettent en place des plateformes pour intégrer les compétences de la diaspora dans le développement national.

     

  • Sentiment d’appartenance : Une reconnexion culturelle et identitaire motive de nombreux membres de la diaspora à revenir.

     

Risques à surveiller :

  • Bureaucratie : Des procédures administratives parfois complexes peuvent décourager les investisseurs.

     

  • Stabilité politique : Certaines régions connaissent encore des tensions politiques.

     

  • Infrastructures : Des défis subsistent en matière d’infrastructures de base dans certains pays.

     

 

 Un retour aux sources, une avancée vers une intégration panafricaine

Revenir en Afrique n’est plus un rêve lointain ni un projet nostalgique. C’est aujourd’hui un acte d’engagement, une déclaration d’amour à notre terre mère qui, envers et contre tout, avance, innove et inspire.

Du Ghana au Bénin, en passant par le Sénégal, la Côte d’Ivoire et le Togo, l’Afrique s’organise pour accueillir ses talents éparpillés. Les gouvernements tendent la main, les économies s’ouvrent, les mentalités évoluent.

Bien sûr, tout n’est pas parfait. Mais l’Afrique ne veut plus être le continent que l’on fuit : elle veut être celui que l’on choisit.

Car en vérité, il ne s’agit pas seulement de revenir sur une terre, il s’agit de construire ensemble un nouveau récit. Celui d’une Afrique consciente de ses forces, riche de ses diversités, fière de ses enfants de la diaspora.

👉 Et si, finalement, l’endroit le plus prometteur pour bâtir son futur… c’était chez soi ?

« Revenir en Afrique, ce n’est pas tourner le dos au monde : c’est ouvrir la porte de tous les possibles. »

Sources :

      Projet de la BAD pour les investissements de la diaspora

 

 

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