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Créer son entreprise en Côte d’Ivoire : entre ambitions nationales et réalités de terrain
Abidjan, 2025 — Dans les rues animées de Treichville ou les quartiers émergents de Yopougon, une nouvelle génération d’Ivoiriens rêve de bâtir son avenir à travers l’entrepreneuriat. Le gouvernement, conscient de cette dynamique, a mis en place des structures pour accompagner ces aspirations. Mais entre volonté politique et défis administratifs, le parcours entrepreneurial reste semé d’embûches.

Une volonté politique affirmée
La Côte d’Ivoire a récemment renforcé son engagement en faveur des petites et moyennes entreprises (PME) en créant la société d’État « Côte d’Ivoire PME » (CIPME) en avril 2022. Cette entité, placée sous la tutelle du ministère chargé de la Promotion des PME, vise à promouvoir les PME ivoiriennes et à faciliter leur accès au financement et aux marchés.
Selon M. Salimou Bamba, directeur général de CIPME, « notre mission est de réaliser, directement ou indirectement pour le compte de l’État, la promotion des PME ivoiriennes et de contribuer à la mise en œuvre opérationnelle de la stratégie de développement des PME ».
Les démarches pour créer son entreprise
Créer une entreprise en Côte d’Ivoire implique plusieurs étapes clés :
1. Choix de la forme juridique
Le choix de la forme juridique est déterminant pour l’organisation et le fonctionnement de l’entreprise. Les principales formes juridiques en Côte d’Ivoire sont :
- Entreprise individuelle : idéale pour les entrepreneurs seuls, elle est simple à créer mais engage la responsabilité personnelle de l’entrepreneur.
- Société à Responsabilité Limitée (SARL) : adaptée aux petites et moyennes entreprises, elle offre une responsabilité limitée aux apports des associés.
- Société Anonyme (SA) : convient aux grandes entreprises avec de nombreux actionnaires.
Le choix dépendra de plusieurs facteurs tels que le nombre d’associés, le capital disponible et la nature de l’activité.
2. Rédaction des statuts
Les statuts définissent les règles de fonctionnement de l’entreprise : objet social, siège, capital, répartition des parts, etc. Ils doivent être rédigés avec soin, de préférence avec l’aide d’un professionnel du droit ou d’un notaire, pour éviter des conflits futurs entre associés.
3. Immatriculation au Registre du Commerce et du Crédit Mobilier (RCCM)
L’immatriculation au RCCM est une étape obligatoire qui confère une existence légale à l’entreprise. Elle se fait auprès du greffe du tribunal de commerce compétent. Les documents requis incluent les statuts signés, une copie de la pièce d’identité des associés, une attestation de dépôt des fonds, et une déclaration sur l’honneur de non-condamnation.
4. Obtention du Numéro d’Identification Fiscale (NIF)
Le NIF est indispensable pour toutes les obligations fiscales de l’entreprise. Il s’obtient auprès de la Direction Générale des Impôts (DGI) après l’immatriculation au RCCM. Ce numéro permet également d’accéder à certains services en ligne et de participer à des appels d’offres publics.
5. Affiliation à la Caisse Nationale de Prévoyance Sociale (CNPS)
Toute entreprise employant du personnel doit s’affilier à la CNPS pour assurer la couverture sociale de ses employés. Cette affiliation permet aux employés de bénéficier de prestations sociales telles que la retraite, les allocations familiales et les prestations en cas d’accident de travail.
La plateforme en ligne du Centre de Promotion des Investissements en Côte d’Ivoire (CEPICI) permet de centraliser certaines de ces démarches, réduisant ainsi les délais et les coûts.
Des initiatives pour soutenir les entrepreneurs
Outre CIPME, d’autres structures accompagnent les entrepreneurs :
- Chambre de Commerce et d’Industrie de Côte d’Ivoire (CCI-CI) : elle représente les intérêts des entreprises commerciales, industrielles et de services, assure la formation des entrepreneurs et apporte un appui aux entreprises.
- Chambre Nationale de Métiers de Côte d’Ivoire (CNMCI) : elle organise et promeut les entreprises de métiers et de l’artisanat.
Ces institutions offrent des formations, des conseils et des services pour faciliter le développement des entreprises.
Témoignages d’entrepreneurs
Aïcha, 28 ans, a lancé sa marque de cosmétiques naturels à Abidjan. « Grâce aux formations de la CCI-CI, j’ai pu structurer mon projet et comprendre les démarches administratives« , confie-t-elle.
De son côté, Kouassi, 35 ans, a ouvert un atelier de menuiserie à Bouaké. « Les conseils de la CNMCI m’ont été précieux pour formaliser mon activité et accéder à des marchés publics« , explique-t-il.
Des défis persistants
Malgré ces avancées, des obstacles subsistent :
- Complexité administrative : les démarches restent parfois longues et peu transparentes.
- Accès au financement : les PME peinent à obtenir des crédits auprès des institutions financières.
- Formation et accompagnement : le besoin en renforcement des capacités est encore important, notamment en zones rurales.
Le gouvernement reconnaît ces défis et travaille à les surmonter. Des programmes de formation et des mécanismes de financement alternatifs, comme l’affacturage, sont en cours de développement.
Créer son entreprise en Côte d’Ivoire est désormais plus accessible grâce aux efforts conjoints du gouvernement et des institutions d’appui. Cependant, des améliorations sont encore nécessaires pour simplifier les démarches, faciliter l’accès au financement et renforcer l’accompagnement des entrepreneurs.
La jeunesse ivoirienne, dynamique et innovante, est prête à relever le défi. Avec un environnement propice et des soutiens adaptés, elle pourra pleinement contribuer au développement économique du pays.
© Tõnd Média