Selon António Guterres, Secrétaire général de l’ONU, « le tourisme est un facteur de progrès. C’est l’un des secteurs d’activité les plus vastes de l’économie mondiale, de sorte qu’il possède un fort potentiel comme trait d’union entre les cultures, et pour offrir de nouveaux débouchés et de promouvoir le développement ».
Tribune pour une francophonie du tourisme. Par Benoist MALLET Di BENTO
Or, si la France demeure la première destination touristique mondiale, c’est en Afrique que se joue l’avenir du tourisme francophone. À l’horizon 2050, près de 700 millions de francophones peupleront la planète, dont plus de 80 % sur le continent africain. Ce basculement démographique n’est pas seulement linguistique : il est aussi économique, culturel et touristique.

Un Observatoire africain et francophone du tourisme
Aujourd’hui, aucun chiffre précis n’existe sur le poids global du tourisme dans l’espace francophone. Pourtant, on estime que ce secteur attire déjà plus de 130 millions de visiteurs par an, générant près de cent milliards d’euros de recettes. L’Afrique, avec ses parcs naturels, ses littoraux, ses cultures vivantes et ses routes historiques, pourrait en être la colonne vertébrale.
D’où la nécessité de créer un Observatoire africain et francophone du tourisme, afin de mesurer son impact réel et d’en faire un levier stratégique commun, intégrant dès le départ les enjeux de durabilité et de justice sociale.
Une route francophone du tourisme durable
En 2013, l’UNESCO et l’Organisation mondiale du tourisme ont relancé la « Route de la Soie » comme itinéraire de dialogue interculturel. Pourquoi l’Organisation Internationale de la Francophonie ne proposerait-elle pas, en partenariat avec les États africains, une route francophone du tourisme durable ?
Elle pourrait relier, par exemple, les routes caravanières sahéliennes, les mémoires de l’esclavage en Afrique de l’Ouest et dans les Caraïbes, les patrimoines religieux (chrétien, musulman, animiste), les routes littéraires francophones, mais aussi les grandes réserves naturelles et les circuits écotouristiques.
Chaque étape serait conçue dans le respect des populations locales, de leurs cultures et de leurs écosystèmes.
L’Afrique au cœur de la francophonie touristique
Des pays comme le Rwanda, qui a su développer un tourisme haut de gamme autour des gorilles, ou le Bénin, qui investit dans ses musées et son patrimoine, montrent déjà la voie. De Dakar à Antananarivo, de Yaoundé à Port-Louis, l’espace francophone dispose d’atouts exceptionnels pour construire un modèle de tourisme durable, créateur d’emplois, de revenus et de fierté culturelle, tout en évitant les dérives d’un tourisme de masse destructeur.
Retrouver une vision francophone
Face aux incertitudes de l’Union européenne et aux grands déséquilibres mondiaux, la francophonie peut devenir un laboratoire d’idées et d’actions. Loin d’être un simple héritage colonial, elle peut s’affirmer comme une communauté de projets, capable d’innover et de surprendre.
À condition que l’Afrique ne soit pas seulement « l’invitée » de cette stratégie, mais bien son moteur et son inspiration.
Osons une francophonie touristique !
Le tourisme peut devenir l’un des leviers majeurs d’une francophonie du XXIᵉ siècle : facteur de développement, outil de dialogue interculturel, instrument de rayonnement dans le respect de la nature et de ses peuples.
Oui, pour une francophonie holistique !
Oui, pour une stratégie francophone du tourisme durable !
Oui, pour une civilisation francophone tournée vers l’avenir !
Benoist MALLET Di BENTO
Consultant – ICf Intelligence Culturelle et Francophonie

